Distinction
Lise Boussemart s'investit pour l'égalité homme-femme

Spécialiste des cancers de la peau, Lise Boussemart est lauréate de la bourse de la "Society for Investigative Dermatology", la plus grande société savante de recherche en dermatologie au monde. Maître de conférences des universités - praticien hospitalier, elle présentera ses recherches lors du congrès de la SID se tenant aux Etats-Unis du 10 au 14 mai 2016.

Qui êtes-vous ?

Dermatologue et chercheuse, spécialisée dans les cancers de la peau, j'ai rejoint l'Université de Rennes 1 en septembre 2015 en tant que maître de conférences des universités - praticien hospitalier. Je partage mon temps entre la recherche au sein de l'équipe GEO de l'Institut de Génétique et Développement de Rennes, la clinique au CHU de Rennes et l’enseignement à la faculté de médecine.

En février 2016, parmi toutes les jeunes chercheuses européennes, j'ai été sélectionnée pour défendre la cause des femmes en recherche en dermatologie par la "Society for Investigative Dermatology". Deux bourses seulement étaient attribuées à l'échelle internationale.

Décrivez nous la bourse de la SID, qu'implique-t-elle ?

La SID est la « Society for Investigative Dermatology », c’est la plus grande société savante de recherche en dermatologie au monde.

J’ai été choisie par la SID pour représenter la femme chercheuse en dermatologie au niveau européen. Cela fait déjà quelques années que je m’intéresse à la question de l’inégalité des chances, notamment sur le plan professionnel entre les hommes et les femmes. Cette bourse me donne l’opportunité de participer à plusieurs congrès internationaux, de rencontrer des leaders d’opinions internationaux et de faire connaître l’Université de Rennes 1. Elle m’engage aussi à me rendre disponible pour les femmes européennes qui seraient confrontées à des difficultés professionnelles liées plus ou moins directement à leur statut de femme. J’ai moi-même expérimenté quelques freins dans ce domaine et pour que cela change, il ne faut pas rester isolée. Là encore, la communication est essentielle.

Quel est votre parcours ?

J’ai fait mes études de médecine à l’Université Paris XIII. Au début, quand on m’interrogeait sur la spécialité que je voudrais éventuellement choisir plus tard, je disais « tout sauf dermatologie ! », car cette spécialité m’avait l’air ennuyeuse, accessoire. Mais c’est en faisant un stage dans le service de dermatologie de l’Hôpital Avicenne que j’ai découvert une spécialité passionnante, très diversifiée, touchant tous les âges et toutes sortes de maladies, et dans laquelle un bon sens de l’observation et une communication de qualité avec le patient sont essentiels. Très tôt, j’ai voulu faire de la recherche en parallèle de la clinique, car nous sommes encore loin de tout comprendre en médecine. La recherche permet de trouver des réponses à des énigmes cliniques, réponses dont on peut ensuite se servir au profit des patients. J’aime le côté évolutif et créatif de la recherche, et le côté humain et vrai de la clinique. Pour moi, l’un ne va pas sans l’autre.

Quel est votre domaine de recherche ?

Mon domaine de recherche est le traitement du mélanome métastatique. J’ai travaillé 4 ans à l’Institut Gustave Roussy, au terme desquels nous avons découvert une nouvelle cible potentielle dans le traitement des mélanomes résistants aux thérapies actuelles. Ce travail a vu le jour grâce à une équipe de chercheurs et cliniciens soudés, dynamiques, et brillants. J’ai aussi appris beaucoup auprès des patients (que j’appelle parfois « actients » !) qui sont en première ligne pour nous aider à mieux comprendre les échecs et les succès des nouveaux traitements du mélanome, tels que les thérapies ciblées et l’immunothérapie.

Depuis septembre 2015, j’ai pris un poste de dermatologue, enseignante et chercheuse, au Centre Hospitalo-Universitaire de Rennes. J’aimerais, tout en restant dans le domaine du mélanome, insister sur les progrès qu’il reste à faire dans le domaine de la communication dans le domaine médical. Les médecins français sont très peu formés à la communication alors que c’est bien par une meilleure communication que la prévention peut être améliorée. Bon nombre de cancers pourraient être évités si les conseils simples de prévention étaient communiqués de façon moins ennuyeuse ou rébarbative qu’actuellement.

Votre intérêt pour l'égalité homme-femme ?

Je m’intéresse à la condition de la femme en milieu professionnel en particulier depuis que j’ai lu le livre passionnant de Nathalie Loiseau, directrice de l’ENA : « Choisissez tout ».  Elle y parle de sa propre histoire, des obstacles qu’elle a connus et du syndrome de « La Belle au Bois Dormant ». C’est ce syndrome qui fait que les femmes, telle la princesse endormie qui attend passivement que son prince charmant vienne la sauver, ont tendance à travailler dur et en silence en attendant que leur supérieur les remarque et leur propose une augmentation/promotion, alors que les hommes devancent cela en allant activement demander récompenses et nouveaux challenges. Je pense que ce syndrome existe, et qu’il prend en effet racine dès les premières années de vie des filles, à travers l’éducation donnée par les parents. Il faut que les jeunes parents prennent conscience de ces petites remarques ou histoires innocentes qui font qu’ils n’élèvent pas leur fille comme leur fils. J’ai aussi été intéressée par le livre « Même les politiques ont un père » d’Emilie Lanez, qui parle de l’importance du regard du père sur les accomplissements ultérieurs de la fille. Je remercie mes parents d’avoir toujours eu confiance en moi, de ne pas avoir porté de regard moins ambitieux pour moi du fait que j’étais une fille, et je souhaite apporter en retour aux jeunes femmes brillantes, un soutien moral pour les aider à passer certains caps difficiles.

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